Fanthaïsa
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On a tous quelque chose à chercher. Certains cherchent leur âme soeur, d'autres se cherchent eux-mêmes. Le plus souvent, on cherche ses origines. Mais avouez que chercher où le temps a disparu, c'est assez peu commun...
 
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Maître du jeu
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Une reine en danger... Freedepht-Astralÿs//PARTIE 2 Empty

Sujet: Une reine en danger... Freedepht-Astralÿs//PARTIE 2   
Mar 30 Avr - 22:07


Astralÿs a écrit :
J'étais encore dans mes pensées, suivant la guérisseuse, entourée de mes gardes, lorsque celle-ci m'adressa la parole. J'eus tout d'abord du mal à m'en rendre compte, puis le contact de sa main sur mon épaule me réveilla, et mes yeux qui regardaient jusqu'alors dans le vide se fixèrent sur elle. Elle me parla d'une voix douce, et ses paroles m'enveloppèrent comme une couverture chaude. Elles se voulaient réconfortantes, et elles le furent plus ou moins : j'avais repoussé ces pensées macabres dans un coin de mon esprit, mais je savais qu'elles reviendraient et je me sentais encore un peu perdue. J'avais peur que cette réflexion me tourmente alors que j'avais une responsabilité immense.

Je compris que je ne pouvais pas me permettre de penser à cela lorsque je travaillerai. Je ne pouvais pas me laisser déstabiliser. Je souris à la sirène aux cheveux d'océan, mais au même moment l'un de mes gardes, une nouvelle recrue prenant son rôle très au sérieux la bouscula avec un certain mépris. Je le regardai avec une étincelle dans le regard – premier avertissement. Il le rata, puis il rabroua la guérisseuse. Il retourna ensuite dans le groupe de gardes, un air fier au visage. Je m'approchai de lui, et il se mit immédiatement au garde-à-vous. Il pâlit lorsque je le fusillai du regard : cette fois-ci, il avait compris l'avertissement.

« Jeune homme, vous avez été engagé dans ma garde personnelle à cause de vos mérites, qui relèvent principalement de la capacité à se défendre et de l'esprit de déduction. Vous êtes également sensé être raisonnable et juste... or, la conduite que je viens de voir n'a rien à voir avec ces qualités. N'oubliez pas que, avant tout, vous êtes un homme de peuple des sirènes – un homme comme tant d'autres, rien de plus. »

J'avais prononcé ce discours à voix basse pour ne pas afficher ma réprimande aux yeux de tous, légèrement menaçante, et pas une seule fois je n'avais lâché le soldat du regard. Il avait totalement perdu contenance, et ne fut capable que de hocher la tête, honteux. Je cherchai ma sauveuse du regard, mais elle avait continuer de nager seule, tout juste assez près du groupe pour pouvoir le guider. Je soupirai, décidant de la remercier et de lui parler plus tard.

Nous atteignîmes la capitale dans laquelle j'avais été confinée pendant longtemps en peu de temps. Au fur et à mesure que nous approchions, l'eau se faisait un peu plus mouvementée, plus chaude aussi, et plus lumineuse. Après le silence des profondeurs obscures, ce soudain retour à la foule était presque douloureux, mais en un certain sens rassurant aussi. Le groupe se fraya un chemin derrière la sirène aux cheveux bleus, bousculant parfois involontairement les passants qui nous regardaient avec des yeux ronds et surpris. Était-ce bel et bien la garde royale ? La reine était elle parmi eux ? Que faisaient-ils ici ?
Mes gardes faisaient bien attention à me cacher des regards. Le peuple des sirènes avait fini par s'écarter sur notre chemin, certains nous suivaient même, curieux.

Soudain, il y eut un grand vide dans la foule. Plusieurs personnes faisaient cercle autour d'une scène déchirante : des hommes tentaient d'emporter le cadavre de l'enfant, que sa pauvre mère refusait de lâcher, aveuglée par sa tristesse. Je sentis les larmes me monter aux yeux, mais me retins. J'étais mécontente d'avoir attiré les curieux : à présent, ces pauvres parents avaient leur deuil exposé au vu et au su de tous. Je m'en voulais et commençai à me demander si ma venue était une si bonne idée, finalement.
La guérisseuse, sans nous accorder un regard, entoura la mère hystérique de ses bras, tentant de la calmer. Le cercle de sirènes murmurait, choqué : certaines versaient même des larmes lumineuses qui montaient et disparaissaient au-dessus de leur tête. Je devais intervenir, je ne pouvais pas rester là à ne rien faire.

J'écartai mes gardes de mon chemin et entrai en centre du cercle où se trouvaient déjà la guérisseuse, les parents et les hommes au service des soigneurs. Je pris la parole, maîtrisant les tremblements de ma voix pour qu'ils soient imperceptible.

« Messieurs – je m'adressais aux aide-soigneurs – si vous pouviez laisser le corps encore quelques minutes... »

Je me tournai ensuite vers la guérisseuse aux cheveux océan.

« La fleur que vous avez amassée, madame... »

Il fallait qu'elle l'offre au cadavre, c'était le dernier cadeau des vivants aux morts. Tout le cercle de sirènes s'était tu, et chacun me regardait avec des yeux ronds. Quoi de plus normal ? J'étais la reine, l'Elue, et je venais de faire une apparition publique avec des bandages sur le corps. Il y avait de quoi se poser des questions. Je pris une grande inspiration – les gens s'attendaient certainement à ce que je fasse un discours... Mais pour cela j'attendrai que les fleurs aient été offertes.

Freedepht a écrit :
Freedepht enlaçait tendrement la pauvre mère éplorée et lui chantait une mélodie douce connue pour ses effets relaxants quand la reine fit son apparition au centre de la foule. Elle semblait terriblement peinée de la situation : ses yeux étaient humides et son regard perdu. Tout son être tentait en vain de dissimuler un mal-être et une tristesse des plus sincères. Elle parla d’une voix forte mais tremblante :

« Messieurs si vous pouviez laisser le corps encore quelques minutes... »

La belle aux cheveux azur questionna d’un regard la reine quand celle-ci se retourna vers elle et lui dit d’un ton déterminé :

« La fleur que vous avez amassée, madame... »

Freedepht contempla le présent de la reine et l’accepta humblement en faisant une révérence. Ensuite elle se retourna vers la mère qui était désormais assise sur le sol en serrant son petit être dans ses bras, et s’approcha d’elle avant de lui dire d’une voix funeste :

« Madame… ce que vous serrez dans vos bras ici et maintenant n’est pas votre fils… »

Il y eut un silence de glace, certains regarder la soigneuse avec étonnement, d’autres avec véhémences et d’autres enfin avec compréhension. La mère du petit enfant blond leva la tête en direction de la voix avec haine :

« Que dites-vous… »

« La vérité. Votre enfant n’est plus, il est parti… Le corps que vous tenez là n’est plus qu’un morceau de chair vide. Il vous faut le laisser s’en aller, laissez-le partir en paix madame. »

La mère pleura bruyamment, elle ne pouvait accepter cela, enterrer son enfant, sa chair, son sang. Son mari l’encercla de ses épaules et la balança doucement pour la calmer. Freedepht s’assit à côte des parents et prit délicatement la main de la mère avant de chanter quelques mots mélancoliques :

« Votre fils a beaucoup souffert durant sa courte existence. Il a toujours manifesté une joie de vivre hors du commun et une volonté face à l’épreuve incroyablement forte cependant son corps n’a pu supporter autant de souffrance et à céder. Désormais il ne souffre plus… Je ne crois pas qu’il aurait souhaité vous voir ainsi. Levez-vous mes amis et acceptez cette fleur de la mort qui guidera votre fils dans les mondes inconnus… »

Les parents ne dirent plus un mot, la mère ne criait plus, le père ne la serrait plus, il semblait que les paroles de Freedepht aient fait leurs effets : ils avaient pour le moment accepté d’abandonner. Freedepht attrapa lentement le jeune cadavre et l’enveloppa d’une vieille couverture que le service de la morgue lui avait tendue. Elle contempla une dernière fois l’enfant aux yeux rieurs et senti une vague de détresse envahir l’ensemble de son être. Elle recula violemment et heurta un mur de la maison des parents puis se força à ne plus fixer l’enfant en le donnant aux sirènes spécialisées. Ensuite elle cueillit la douce fleur des ténèbres et la posa sur son corps entre ses petites mains glacées.

Enfin elle fit lever les parents de l’enfant qui remarquèrent alors avec étonnement la présence de leur reine bien-aimée.

Astralÿs a écrit :
La guérisseuse, dont je ne connaissais toujours pas le nom, prit la fleur et dit quelques mots qui pouvaient paraître brutaux au premier abord mais qui permirent aux parents de se ressaisir et d'accepter leur sort. L'hystérie désespérée ne flottait plus dans l'eau environnante, il ne restait plus qu'une lourde tristesse, lancinante et presque physique, qui me prit directement au cœur. Ma sauveuse posa la fleur de l'au-delà sur le corps mort, coquille de vie brisée et vide.
Le couple en deuil s'écarta de son défunt fils que les hommes de la morgue purent enfin enlever. Le cercle de sirènes soupira d'un commun soulagement. La plupart des mères avaient caché de leurs mains les yeux de leurs enfants pour les protéger de la violence de la réalité, et purent leur rendre la vue.

Et tous, n'ayant plus rien à regarder du pauvre couple, reportèrent leur attention sur moi, leur reine, leur Elue, s'attendant sans doute à ce que je leur explique ma présence ici. Un silence plana un moment, puis je me décidai à prendre la parole. Pour me faire bien voir de tous, je donnai quelques coups de nageoires qui me placèrent en surplomb de la foule.
Je durcis mon cœur et dus empêcher une nouvelle fois ma voix de trembler. Puis, je me tournai vers le couple.

« Aujourd’hui, vous avez subi une lourde perte... Voir partir un être cher est l'une des pires douleurs qui puissent exister en cette vie parfois cruelle. Vous avez toutes mes condoléances, ainsi que celles, j'en suis sûre, de tous ceux présents. »

J'inclinai doucement ma tête et fermai les yeux pour leur présenter mes hommages.

« La vérité... »

Je dus m'éclaircir la gorge.

« La vérité est que ce genre d'événements n'est pas aussi rare que je le souhaiterais – que nous le souhaiterions tous. La mort infantile est la pire des morts qui soient, les enfants incarnent l'espoir, la vie, le renouveau... Nous devons les protéger. C'est pourquoi, aujourd'hui, je jure devant vous, mon cher peuple, que j'emploierai tous les moyens à ma disposition – tout le temps et les finances possibles – pour privilégier les guérisseurs et la médecine dans notre beau royaume. Je veux vous éviter la souffrance. Vous ne la méritez pas – personne ne la mérite... »

Je soupirai et fit une petite pause, puis repris de l'inspiration, me tournant de nouveau vers les parents.

« Je ne peux pas vous demander d'oublier votre enfant – ce serait inhumain. Je ne peux pas vous demander de n'être plus tristes. Pour tout dire, je ne peux rien vous demander. Mais je peux vous donner un conseil : la vie, la vie est là, elle est partout, elle est en vous. Elle continue et ne s'arrête pas. Jamais. Ouvrez les yeux, regardez autour de vous... Le parcours de votre enfant s'est arrêté là. Mais le vôtre, il continue. Profitez-en. »

Je regardai le couple avec gravité. Ce que m'avait dit la guérisseuse tout à l'heure, était absolument vrai, et je voulais le retransmettre à ces gens à qui il restait encore du temps. Le temps était une opportunité... Leur enfant en aurait voulu plus. Eux, ils auraient voulu lui donner le leur, mais la vie n'était pas ainsi... Ils ne devaient donc pas gaspiller la vie qui leur restait. Je repris mon discours.

« Et à présent... J'aimerais une minute de silence, en hommage à cet enfant qui n'a pas eu le temps. »

Je redescendis, me mettant à la hauteur des autres sirènes et attendit. La minute s'étendait à l'infini dans le tissu de l'univers, peuplée des visages graves et tristes du cercle de sirènes. Finalement, les sirènes s'en allèrent, peu à peu, certaines tapotant au passage les épaules du couple en deuil et leur murmurant quelques mots de condoléances.
Lorsque tous les badauds se furent dispersés, je m'approchai de nouveau d'eux, suivie de près par mes gardes.

« Encore une fois, toutes mes condoléances. »

Je pouvais lire une certaine incrédulité sur leurs visages ravagés par la tristesse. Je me tournai alors vers la guérisseuse.

« J'aimerais connaître votre nom, Madame. Et sachez que je considère toujours avoir une dette envers vous... »

Freedepht a écrit :
Freedepht regarda la scène avec une lueur dans les yeux. La reine comptait réellement aider les soigneurs ? C’était plus beau qu’elle ne l’avait espéré. Elle fit une légère révérence, un sourire dissimulé à la lèvre, elle ne pouvait éprouver de la joie à un moment pareil. Elle observa les personnes présentes et fut agréablement surprise de voir autant de respect et de dignité dans leur regard : ils approuvaient la reine. Certains même s’approchaient des parents de Claud et leur donné des dons pour montrer leur désir d’aider. Les parents de l’enfant, bien qu’attristé par la mort de leur fils, contemplaient ces actions d’un air incrédule et remerciaient les donateurs en s’inclinant maladroitement. L’ambiance avait changé, la tristesse s’était mêlée au désir de changement. La reine se retourna soudainement et regarda une soigneuse ayant du mal à cacher son contentement :

« J'aimerais connaître votre nom, Madame. Et sachez que je considère toujours avoir une dette envers vous... »

Freedepht tourna la tête à gauche pour exprimer sa curiosité : décidément cette jeune reine ne lâcherait pas l’affaire. Elle réfléchit un petit moment tout en fixant les parents de l’enfant : peut-être pourrait-elle demandé cela… après tout, elle en avait le droit et cela permettrait d’enlever à la reine, un fardeau bien moindre certes mais quelque contraignant. Elle sourit à la reine, prit ses mains dans les siennes et la regarda dans les yeux avec un sourire plus qu’amicale :

« Ma reine, vous avez déjà répondu à mon souhait… je n’aimerais point abuser de votre gentillesse. Cependant comme vous insistez, j’aimerais vraiment participer à ce nouveau projet de recherche pour les soigneurs. Je sais qu’il existe des personnes bien plus compétentes et bien plus connues que moi cependant je vous promets de mettre mon cœur à la tâche. »

Certains gardes et conseillers la regardaient avec respect tandis que d’autres la toiser avec mépris. Elle avait osé toucher la reine et lui parlait en des termes plus que familier, c’était réellement inconvenant… La belle aux yeux bleus ne les regarda pas, indifférente à leur regard inquisiteur, elle avait toujours été franche et naturelle, ce n’était pas quelques règles de bien saillance bafouée qui allaient détruire l’étiquette politique. Et puis, elle n’avait pas parlé à la première dame d’Albelay comme à un vulgaire ami, elle était restée dans la politesse et le respect des traditions.

De plus, il est vrai que demander un poste si important dans de telle condition pouvait paraître malvenu : cela pouvait laisser à penser que la belle profitait de la situation pour son propre intérêt. Cependant quiconque connaissait Freedepht savait parfaitement que le but de cette demande était vraiment d’aider les habitants du monde océanique. Elle lâcha les mains et se posa sur le sol en baissant la tête avant de dire :

« Madame, je souhaite réellement aider le peuple. Je ne veux aucun titre, aucune fonction importante, aucun salaire, j’espère seulement faire partie de cette équipe. Et si c’est possible- les joues de la demoiselle rosirent un peu - vous connaître mieux. »


Astralÿs a écrit :
J'attendis en la fixant la réponse de la guérisseuse, qui semblait réfléchir. Elle se décida soudain et j'ouvris grand les yeux de surprise lorsqu'elle attrapa gentiment mes mains en souriant, s'attirant par la même occasion les regards réprobateurs d'une bonne partie de ma garde et de quelques personnes qui passaient encore par là. Une fraction de secondes gênée, je finis par sourire à mon tour. L'attitude peu officielle de cette sirène me plaisait bien, et ce n'était pas comme si elle s'était mise à m'insulter. En fait, que l'aspect cérémonieux de mes interlocuteurs tombât un peu n'était pas sans me faire plaisir.

Elle m'assura d'abord que j'avais déjà répondu à son souhait et qu'elle ne voulait pas abuser. Je m'apprêtai à répliquer, mais elle poursuivit sur sa lancée. Lorsqu'elle eut fini, je restai coite, interdite. Je ne pouvais pas accorder à la légère un poste aussi important. Il me fallait réfléchir, consulter mes conseillers qui, après tout, étaient bien là pour cela... De plus, je n'étais pas sûre qu'un tel poste existât. C'était à moi de le créer... Mais, encore une fois, cela prendrait pas mal de temps.

Je jetai un nouveau coup d’œil à la guérisseuse, et décidai d'un coup de lui accorder la faveur qu'elle venait de demander. J'étais certaine qu'elle prendrait son rôle très au sérieux. Je réfléchissais à une façon de formuler tout cela lorsqu'elle prit de nouveau la parole. Elle m'assura qu'elle ne voulait qu'aider le peuple des sirènes – je chassai ces paroles d'un geste de la main en souriant. Cela, je le savais déjà. Ses derniers mots, cependant, me touchèrent beaucoup. Mon « masque royal » m'interdisait de rougir et de m'émouvoir comme une vulgaire enfant, mais j'offris à la sirène aux cheveux d'océan mon sourire le plus éclatant. C'est alors que je me rendis compte avec amusement qu'elle avait omis de me renseigner de son nom.

« Du peu que je connais de vous, j'ai pu aisément deviner que vous n'étiez nullement intéressée par un titre ou quoi que ce soit de prestigieux. Je connais votre volonté d'aider, c'est pourquoi je peux vous dire que je ferai tout mon possible pour trouver – créer un poste qui puisse vous convenir. Comme il s'agit là de mesures d'importance, j'ai bien peur que cela ne prenne un peu de temps... Une fois que tout sera en place, on vous enverra un courrier – J'hésitai un instant – et sachez que vous aurez également la possibilité d'être relogée dans le palais. »

Cet édifice était si grand que, de toute façon, la moitié des suites qu'il contenait étaient vides. Je me mis à réfléchir aux postes que je pourrais instaurer. Un nouveau Conseil, le Conseil de la Santé ? Non, les Conseillers n'approuveraient pas, ils trouveraient qu'un Conseil entier était une institution trop grande pour cela, et ils auraient sans doute raison. Une équipe spéciale au sein même du Conseil des Innovations, alors ? Oui, c'était une bonne idée. Après tout, la recherche et la découverte n'innovaient-elles pas sans cesse le domaine de la connaissance ? Je me tournai de nouveau vers la guérisseuse, assez satisfaite de moi-même.

« Vous ne m'avez toujours pas dit votre nom, mademoiselle... Et cessez de m'appeler madame ! Je ne suis pas si vieille, vous savez... »

Je joins à ces paroles un discret, presque imperceptible clin d’œil.

Freedepht a écrit :
Freedepht agissait par instinct auprès de la reine : les regards réprobateurs de ses gardes et de ses conseillers ne lui importaient pas le moins du monde. La reine, bien qu’un peu troublé par sa demande si soudaine, avait d’abord hésité avant d’accepter sa requête. La belle azurée ne manquerait pas de lui témoigner sa reconnaissance en faisant un travail sérieux et appliqué. Elle se promit d’améliorer le monde autour d’elle comme pour racheter toutes les fautes de son passé. Une expression étrange traversa son visage écrasé par des souvenirs douloureux. Elle secoua doucement la tête pour chasser ses idées puis reporta son attention sur la reine. Qu’elle était belle et forte ! Son visage rayonnait de douceurs et de sensibilité. Il lui semblait que d’un simple acquiescement de tête, d’une simple tape amicale, la belle brune pourrait chasser les maux de la terre et guérir les cœurs en peine.

Hélas le bien-être de la soigneuse s’estompa au moment même où la reine innocente lui demanda son nom. La pauvre demoiselle en fronça sérieusement les sourcils et sentit un goût amer au tréfonds de sa gorge : elle avait fait en sorte de ne pas le dire en public cependant elle se devait de répondre à une question directe de la reine qui ne savait évidemment pas ce que cela pouvait signifier de se dévoiler pour Freedepht. Elle se recula donc lentement et s’inclina fortement avant de dire d’une voix grave et tremblante:

« Je me nomme Freedepht Galagastania, j’ai 34 ans et je suis soigneuse du monde marin »

Comme elle s’en doutait, les civils, conseillers et gardes commencèrent à chuchoter entre eux, certains la pointaient du doigt tandis que d’autres la regardaient avec un visage peiné. Elle poursuivit comme pour se justifier :

« Comme je m’en doutais, beaucoup reconnaissent mon nom… -elle sourit d’un air gêné-je suis la fille de Galadriel Galagastania… »

Un homme, un conseiller sans doute, s’approcha doucement de la reine et lui chuchota quelques mots pour lui expliquer leur comportement. Certaines brides vinrent aux oreilles de la belle :

« La demoiselle qui a été enlevé par son père biologique à l’âge de sept ans… tout le monde la croyait morte… personne ne sait jamais ce qu’il s’est passé… on ne savait même pas qu’elle était revenu… »

Freedepht soupira doucement. Oui, il est vrai que cela faisait un long moment qu’elle n’avait pas dit son véritable nom. Dans l’université aquatique des soigneurs, elle n’avait point été obligée de le donner, juste son prénom avait suffi. De plus, elle avait fait promettre à sa mère de ne rien dévoiler aux autres pour qu’on ne la pointe pas du doigt et avait dès lors habité dans une demeure recluse aux portes de la ville. Cela faisait quatre ans maintenant que sa mère était morte, elle avait cru que personne ne la questionnerait jamais.
Cependant si le dirigeant d’un pays demande à quelqu’un de se présenter, l'étiquette veut que cette personne révèle sa véritable identité par respect.

Freedepht recula un peu, fit une dernière révérence à la reine, et s’en alla avec l’envie croissante de s’enfoncer dans les entrailles de la terre et de ne plus jamais en sortir. Les souvenirs les plus affreux de sa vie se mélangeaient dans son esprit, tout devenait sombre. Elle voulait fuir le plus loin possible, le plus rapidement possible.

Une main attrapa son bras rudement, la belle fit volt-face et vit un conseiller de grande taille aux cheveux d’un blond vénitien lui dire :

« Attendez, j’ai quelques questions à vous poser ».

La demoiselle le regarda gravement puis acquiesça avant de le suivre sans broncher.

Astralÿs a écrit :

Une expression étrange, un peu crispée était passée fugitivement sur le visage de la belle guérisseuse. Une expression qui laissait entendre un passé quelque peu douloureux que je n'avais pas soupçonné. Une expression qui s'estompa de ce visage pour laisser place à un certain bonheur, et je souris. Pas pour longtemps, cependant : aussitôt après que je lui eus demandé mon nom, la demoiselle aux cheveux océan prit une expression plus sérieusement tourmentée. Je crus un moment qu'elle n'allait pas répondre : elle recula, comme pour se protéger d'un mal invisible. Mais elle finit par s'incliner, raide et officielle, et se nomma enfin, d'une voix légèrement tremblante et qui était descendue de deux octaves. Une voix qui n'était pas la sienne. Je fronçai légèrement les sourcils, perturbée.
Freedepht Galagastania... Si le nom de Galagastania me disait vaguement quelque chose, il était évident qu'il était clairement significatif pour la plupart des personnes présentes. La jeune sirène avait visiblement prévu tous ces chuchotements, et expliqua qu'elle était la fille d'une certaine Galadriel Galagastania. Un nom tout aussi énigmatique, pour moi. Le capitaine de ma garde s'approcha pour m'éclaircir les choses sans que j'eusse le besoin de le lui demander. Encore une fois, l'obligeance et le professionnalisme de mes gardes me surprenait.

Avec l'explication du capitaine, tout devint plus clair. Oui, je m'en souvenais ! Cette histoire avait fait des gorges chaudes à une certaine époque mais, occupée comme je l'étais par ma campagne et mes fonctions de Reine, cette histoire m'était sortie de la tête, submergée par un océan tumultueux de tâches, de discours et de décrets. Je me souvenais à présent de mon incrédulité et de mon inquiétude. J'avais ordonné que l'on fasse des recherches, mais elles avaient été arrêtées au bout de quelques temps. On avait alors considéré la jeune sirène enlevée comme décédée, et son père était devenu un homme recherché. Mais plus jamais, au grand jamais, on avait entendu parler de Freedepht.

La nouvelle de son retour m'insuffla une vague de soulagement, aussitôt remplacée par de la curiosité et de la désolation. Qu'était-il donc arrivé à Freedepht pour qu'elle ne pût plus dire son nom en public sans forte amertume ? Je ne savais plus quoi dire, l'ambiance était tendue. Je me pris à regretter d'avoir demandé son nom à la belle. Celle-ci recula de nouveau, s'inclina une dernière fois devant moi et disparut si vite que je me demandai si elle ne s'était pas simplement évanouie dans l'océan. Je n'avais rien pu prononcer. Je lâchai un soupir qui monta vers la surface dans une gerbe de bulles cristallines. Il n'était pas question que je me mette à la recherche de Freedepht, mes gardes ne me laisseraient pas faire. Et puis il fallait que je rentre au palais pour rassurer mes conseillers et remettre certaines choses en ordre. En bref, j'avais encore beaucoup de travail, surtout si je voulais mettre en place cette nouvelle réforme sur la recherche médicale.

Après un long silence, j'ordonnai à mes gardes de me raccompagner au palais. Nous nageâmes sans aucun bruit dans les rues, la foule s'écartant de nouveau devant nous en écarquillant les yeux.
Je scrutai vainement la population dans l'espoir d'y apercevoir la chevelure océan de la guérisseuse.

Bah, mes hommes la retrouveraient bien. Après tout, les désirs de la Reine étaient des ordres.
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